À la fin de la "jungle", en octobre 2016, 4 000 repas étaient servis chaque jour par l’Etat. D’un jour à l’autre, ils ont été supprimés. Après les arrêtés pris par la maire de Calais, empêchant les distributions (en mars, texte cassé par les tribunaux depuis), et l’accès au douches, changement de stratégie : à la place les policiers accentuent le harcèlement.
Le 31 mai, la distribution du midi, y compris d’eau potable, a été interdite et celle du soir limitée à une heure. Le Secours catholique, qui avait temporairement installé des douches dans la cour d’un immeuble lui appartenant, a dû fermer ce lieu début mai. Depuis quelques semaines, une politique systématique d’expulsions et de rafles, comme on a pu les connaître par périodes à Paris, semble de mise : réveils brutaux, “contrôles de situations administratives”, envoi des affaires personnelles à la benne pour “empêcher la réinstallation”, et envois en Centres de Rétention Administrative.
Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, s’est inquiété d’atteintes aux droits « d’une exceptionnelle et inédite gravité » à Calais, parlant de « conditions de vie inhumaines ». En visite à Calais le 12 juin, il dénonce les conditions de vie des quelques 600 personnes dans la ville (dont une part importante de mineurs et ou de très jeunes adultes), traquées jour et nuit, ne pouvant recevoir de l’aide alimentaire ni avoir accès à l’eau. Ils.elles «dorment à même le sol» et se disent «traqué.e.s jour et nuit dans plusieurs sous-bois de la ville (...), ne peuvent plus dormir, se poser ou se reposer et restent sur le qui-vive», et sont «visiblement dans un état d’épuisement physique et mental». Il réclame «la fin de cette sorte de traque, l’autorisation des distributions de repas, la mise à l’abri des mineurs sur place, la mise en place d’un lieu où les personnes peuvent se reposer, se ressourcer et envisager la suite de leur parcours.» Lire le communiqué, et des témoignages, reportages, et une vidéo sur la situation.
Les tensions avec les riverains ont également pris un nouveau tour, puisque certains décident de faire eux-même la police.
Le 15 juin onze associations ont déposé un référé-liberté au tribunal administratif de Lille, et neufs exilés saisissent l’IGPN pour des cas de violences policières.
En PACA, le préfet et la SNCF ont refusés l’accès aux transports à environ 80 personnes exilées. Elles ont donc décidé de se rendre à Nice à pieds, accompagnés par des soutiens de la Roya Citoyenne, afin d’accéder à la PADA pour enregistrer leur demande d’asile. La marche a duré trois jours, sept heures par jour, sous la chaleur du mois de juin.