Photos par Solidarité Migrants Wilson
Communiqué de Solidarité Migrants Wilson
UN PENDU PORTE DE LA CHAPELLE : TRISTESSE, DOULEUR ET RAGE !
Les morts s'accumulent porte de la Chapelle et nous alertons en vain !! Ce qui en Europe et en France est innommable s'aggrave de jour en jour !!Il y a 3 semaines devant la gravité de la situation nous avons solennellement demandé la protection de la Ville de #Parispour les exilé.e.s... Nous avons listé une série de mesures simples qui peuvent assurer la protection des personnes... Ce nouveau décès est atroce mais tellement attendu !! et c'est pour ça que notre colère est au moins aussi grande que notre immense tristesse !
Samedi, des exilés ont prévenu qu'un des leurs s'était pendu square Charles Hermite. Quand nous avons pu nous rendre sur place, le square avait été fermé mais nous avons pu assister à l'enlèvement du corps par les services funéraires.
C'est que ceux qui ne meurent pas sous nos yeux, on ne le sait pas, il n'y a pas de preuve, pas de trace, mais on sait qu'ils existent et qu'ils sont nombreux... Là pour l'instant aucune trace du mort parce, cette fois, nous n'avons pas de nom, mais on a des pistes et on ne lâchera pas l'affaire. Si les vies ne sont pas protégées, qu'au moins les morts soient honorés !
En essayant de trouver des témoins et des précisions, nous avons interrogé des jeunes : Avez-vous entendu parlé de quelque chose, d'un mort ? Ils ont répondu que oui, on était "contents", on allait pouvoir en savoir plus. Au bout de quelques secondes, on s'est rendu compte que le mort dont ils parlaient c'était un autre.... Un jeune Afghan tué par une voiture. Son jeune frère est là dans une tente Porte d'Aubervilliers, il ne parle ni français, ni anglais, il ne sait pas quoi faire du corps de son frère... Puis quelques heures plus tard, un autre jeune nous a confié que son meilleur ami s'est jeté dans le canal, il venait d'apprendre le refus de l'Ofpra de lui accorder l'asile....
En nous éloignant, à quelques dizaines de mètres, nous sommes tombés sur ce graffiti à la craie, cet énième appel à l'appel au secours "Nous sommes jeunes on ne peut pas s'en sortir, on a besoin d'aide, d'aide !" Quand a-t-il été écrit ? Quelques heures avant? Et par qui ? Par la victime ? Ou par la prochaine ? !!
Notre pays, notre continent, nos quartiers résonnent des cris de ceux qui appellent à l'aide, des gamins qui ont fait des milliers de km pour chercher une protection et qu'à Paris, au terme d'un parcours redoutable, des policiers payés par nos impôts envoient systématiquement vers la colline du crack où de gentils dealers leur offrent une première dose gratuite !! Des cris de ceux qu'on noie dans la mer !! Des pleurs des enfants qu'on laisse au milieu de rats presque aussi gros qu'eux aux portes de la Ville parce que leurs larmes et leurs questions pourraient troubler les touristes !!
A l'heure même du drame, et alors que nous l'ignorions encore, nous écrivions sur notre page : "Jungle de Paris, ça pue la mort ! Peu importe les humains pourvu que cette misère fabriquée et organisée soit reléguée aux portes de la Ville, ou encore plus loin que les portes, là où les gens sont de plus en plus en danger. Là où l'on traite les gens comme du bétail et qu'on essaie de transformer en bêtes." Et on voudrait que l'on s'habitue, que l'on laisse faire !
En tout cas, personne ne pourra dire qu'il ne savait pas ! Ici, en 5mn vous comprendrez les raisons qui ont poussé 17 associations et collectifs citoyens parmi lesquelles la Ligue des Droits de l'Homme, Médecins du Monde, Médecins sans Frontières, le Secours Catholique et Solidarité Migrants Wilson à lancer un mouvement inédit de grève pour demander des mesures dignes et le soutien concret de la Ville www.facebook.com/598228360377940/videos/2310995385785428/ !
La ville de Paris qui va donc faire un don de 100 000 euros à SOS Méditerranée pour une nouvelle campagne de sauvetage en mer des migrants. Nous nous réjouissons bien sûr car là-bas aussi il faut sauver des vies ! Mais... Mais à Paris, jeudi 11 juillet 30 personnes sans papiers ont été gravement blessées par la police (dont 2 comas) alors qu'elles revendiquaient pacifiquement l'accès à des droits fondamentaux. Mais à Paris, samedi 13 juillet la Préfecture de police a interdit aux migrants de danser. Mais à Paris, ceux qui croyaient être enfin arrivés, les rescapé.e.s de la Méditerranée, sombrent par centaines dans la folie.
C'est donc ici, pendu à l'un de ces arbres que tu as fini ton parcours dans ce parc à la lisère de la Ville Lumière qui est pourtant le seul endroit décent de ce périmètre immonde où l'on vous force à vous cacher, puisqu'on vous gaze et qu'on vous frappe quand vous en sortez !! Le seul endroit décent peut-être parce que dans ces quelques mètres carrés c'est la nature qui commande ? Tout autour ce n'est que béton, horreur et ordres infamants. Je doute pourtant que les arbres aient pu apaiser tes derniers instants.
Pour toi, et tous ceux dont on ne connaîtra jamais le nom, nous continuerons d'être présents et de témoigner ! Parce que la vie est précieuse et qu'il faut la protéger.
#Euxcestnous #Onnesetairapas #Stopcrimescontrelhumanité #StopJungledeParis #Stopcampementsdelahonte #Exilsintramuros #Accueildemerde #LibertéEgalitéFraternité #NotInMyName
10 juillet 2019 #Paris ©Marc Melki
Photo par Solidarité Migrants Wilson