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Retour sur l'évacuation

Le 7 novembre 2019 a été organisée la 59ème évacuation d'un campement parisien.

L'État a garantit une mise à l’abri "inconditionnelle" après l'évacuation de Porte de la Chapelle

Dans les faits 17 personnes ont été arrêtées après leur montée dans les bus (elles croyaient aller dans des gymnases). Elles ont en fait été emmenées au commissariat, puis placées en centre de rétention...

Mise à l'abri inconditionnelle ? #retention #stopcra #stopdublin


Les personnes qui ont été envoyées dans les gymnases racontent que certains sont très sales, pas ou peu chauffés... Plusieurs ont déjà quitté les lieux.

Dans le même temps la préfecture a installée une cinquantaine de policiers qui patrouillent vers Porte de la Chapelle et Wilson. Le but, empêcher toute réinstallation...


[ COMMUNIQUÉ DU 7 NOVEMBRE 2019 ] 59ème évacuation de campement : der des der? Ou n-ième mise en scène de la politique de non-accueil?


Vue de loin, l'annonce d'une opération de mise à l'abri par la préfecture de 1600 personnes vivant dans l'enfer des campements à Porte de la Chapelle peut apparaître comme une bonne nouvelle. C'est d'ailleurs ainsi que le préfet de police de Paris, le préfet de région et la maire de Paris tentent de nous le vendre par des déclarations employant sans vergogne le terme d’opération humanitaire. Sans compter les déclarations auto-satisfaites et illuminées de Castaner : “il n’y aura plus de campements”.

Comme on aimerait y croire!

Comme on aimerait croire que finalement, cette 59ème fois sera la bonne, que c'est la fin des campements, que toutes ces personnes seront prises en charge à la fois sur le plan matériel mais aussi sur le plan médical, psychologique et juridique, comme on aimerait croire qu’on ne verra plus jamais de famille d'enfants et de bébés sortir d’une tente enfiévrés, et comme on aimerait croire que les droits de toutes ces personnes seront respectés et appliqués selon la loi. Notamment les droits fondamentaux, comme le droit à l’hébergement, et le droit de demander l’asile.


Malheureusement après 4 ans d'accompagnement des personnes exilées et de présence sur les campements, nous ne pouvons nous laisser aller à aucune naïveté.

Car le cycle campement évacuation campement, nous le connaissons par cœur et nous en connaissons intimement les ressorts.


Des solutions de court terme

Comme toujours, l’opération est organisée dans la plus grande opacité, comme s’il s’agissait de cacher les gens et de les rendre invisibles. Où vont les personnes? Dans quelles structures? Y’aura-t-il ou non un accompagnement social? Juridique? De la nourriture? C’est loin d’être toujours le cas. Dans 15 jours, certains gymnases vont tout simplement fermer, et toutes les personnes n’auront pas pour autant trouvé une solution. Certaines s’en seront sauvées avant parce qu’elles auront compris que là-bas, il ne se passerait rien pour elles. Ou bien parce que, dublinées, déboutées, sans papiers, leur situation administrative les met à la merci d’une expulsion. Elles n’ont plus qu’à se cacher et vivre dans la clandestinité jusqu’à ce qu’une perspective de régularisation se présente à elles. Tant que l’Etat ne propose pas des hébergements stables, un accompagnement juridique sérieux et le respect des droits, les campements se reformeront.


Une situation dynamique et non statique

C’est l’aspect le plus intriguant de la politique préfectorale : sachant que les arrivées à Paris sont quotidiennes, la mise à l’abri (stable, avec un accompagnement juridique et social) doit être quotidienne aussi. Cela est tellement simple à comprendre qu’on se demande pourquoi on continue ainsi à regarder arriver les personnes, ne rien leur proposer, et taper du poing ensuite en pestant comme si c’était une fatalité. Seule une mise à l’abri au fil de l’eau permettra d’éviter de nouveaux campements. Toute autre “solution” relève d’une volonté délibérée de laisser des campements se reformer. Au lieu de cela, la promesse d’ivrogne de Castaner (“il n’y aura plus de campements”), ne révèle pas une compréhension nouvelle de la situation, mais une promesse de violence redoublée envers les personnes exilées que l’Etat abandonne à la rue.


Répression, charité, mais pas d’égalité des droits

En réalité, ces “opérations de mise à l’abri” n’ont rien d’humanitaire. Elles ne témoignent pas non plus du respect des personnes et de leurs droits. Organisées de nuit, avec un ratio de un policier armé jusqu’aux dents pour deux personnes exilées, avec force journalistes pour filmer comme au cirque, tout cela pour une action qui est un devoir et une obligation pour l’Etat, et non une faveur octroyées aux gens, elles mettent en scène un mélange de charité et de répression censée rassurer une ’”opinion” que nul n’a jamais encore rencontrée. On se gargarise de notre humanité, on se flatte de notre fermeté.

En réalité, ces campements sont le symptômes d’une politique lâche et cynique, qui consiste à ne pas accueillir, alors que C’EST LA LOI ; à interdir aux gens de travailler pour ensuite les accuser de peser sur les finances publiques; à rendre les gens malades pour ensuite les accuser de peser sur la sécurité sociale; bref, à fabriquer de gros problèmes à partir d’une situation relativement simple : de nouvelles personnes arrivent, égalité des droits pour toutes et tous, et on verra les choses autrement.


Les évacuations sont parties prenantes de cette politique, pour afficher de soi-disants “efforts”, qui s’accompagnent comme il se doit d’une promesse de répression pour “interdire” la reformation des campements. La matraque comme suite logique de la mise à l’abri, en quelque sorte.


Au fil des évacuations, suivies d’installations de grilles, de la présence policière qui harcèle sans relâche, nous n’avons constaté qu’un résultat. La dispersion et l’invisibilisation, la création de petits groupes de personnes qui en deviennent extrêmement vulnérables et empêchent un bon suivi. Et le déplacement des campements dans d’autres endroits, recréant les mêmes problématiques dans un ailleurs toujours plus lointain et sordide.


Ce qui fabrique les campements, c’est le non-accueil, c’est l’Etat qui bafoue ses propres lois.

Respectons les droits et l’égalité des droits, et cette évacuation aura bien été la dernière.


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